COURS MUSICATELIERS & CINÉMATELIERS
GENÈVE-LAUSANNE - SAISON 2018-2019
cours animés par le chef d'orchestre, compositeur & pédagogue Patrick Crispini
Textes de présentation : © Patrick Crispini
calendrier des cours - brochure de présentation - tarifs & modalités
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►01.Mardi 25.09.2018: MUSICATELIERS LAUSANNE MONTMARTRE-MONTPARNASSE,principautés d'artistes
►02.Mercredi 26.09.2018: MUSICATELIERS GENÈVE 1912-1918, DU FAUNE AU SOLDAT
►03.Mardi 30.10.2018: MUSICATELIERS LAUSANNE RACHMANINOV, les exils de l'âme
►04.Mercredi 31.10.2018: MUSICATELIERS GENÈVE MOZART, interpréter la grâce
►05.Mercredi 21.11.2018: CINÉMATELIERS GENÈVE KELLY,SINGIN'IN THE RAIN, Chantons sous la pluie,1952
►06.Mardi 04.12.2018: MUSICATELIERS LAUSANNE PYTHAGORE & LA MUSIQUE, des secrets bien gardés
►07.Mercredi 05.12.2018: MUSICATELIERS GENÈVE POÉSIE EN MUSIQUE, l'art du Lied & de la mélodie
►08.Mercredi 23.01.2019: MUSICATELIERS GENÈVE HISTOIRE DE LA NOTATION MUSICALE I
►09.Jeudi 24.01.2019: MUSICATELIERS LAUSANNE BRAHMS, de l'aube à la mélancolie
►10.Mercredi 30.01.2019: CINÉMATELIERS GENÈVE COCTEAU, LE TESTAMENT D’ORPHÉE, 1959
►11.Mardi 12.02.2019: MUSICATELIERS LAUSANNE VIVALDI et les demoiselles de la Pietà
►12.Mercredi 13.02.2019: MUSICATELIERS GENÈVE ROSSINI, malice et suavité (150e anniv. de la mort)
►13.Mercredi 06.03.2019: CINÉMATELIERS GENÈVE ORSON WELLES, LE PROCÈS, The Trial, 1962
►14.Mardi 12.03.2019: MUSICATELIERS LAUSANNE FACE AU CHEF-D’ŒUVRE, l'art de vivre l'Art [série A]
►15.Mercredi 13.03.2019: MUSICATELIERS GENÈVE FACE AU CHEF-D’ŒUVRE, l'art de vivre l'Art [série B]
►16.Mercredi 03.04.2019: CINÉMATELIERS GENÈVE INGMAR BERGMAN, PERSONA, 1966
►17.Mardi 09.04.2019: MUSICATELIERS LAUSANNE L'ÂME DU VIOLON, l'instrument et ses grands interprètes
►18.Mercredi 10.04.2019: MUSICATELIERS GENÈVE L'ÂME DU VIOLON, instrument & grands interprètes
►19.Mardi 21.05.2019: MUSICATELIERS LAUSANNE POULENC & LES SIX, des Années folles à Rocamadour
►20.Mercredi 22.05.2019: MUSICATELIERS GENÈVE LA NOTE BLEUE, du romantisme au jazz...
►21.Mercredi 05.06.2019: CINÉMATELIERS GENÈVE FEDERICO FELLINI, 8 1/2, Otto e mezzo, 1963
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Montmartre-Montparnasse : principautés des artistes
À la fin du XIXe siècle, depuis la Commune, près du nouveau quartier haussmannien de la Nouvelle Athènes, la « République libre de Montmartre », avec ses nombreux cabarets, est devenu le lieu privilégié des anarchistes et des créateurs : on y croise Pissarro, Toulouse-Lautrec, Steinlen, Van Gogh, Debussy, Erik Satie, des artistes émigrés, venus de l’Oural au Mississipi, bientôt Picasso au Bateau-lavoir... Après la grande crue de 1910 et l’avènement de la ligne 12 du métro, Nord-Sud, le monde de l’art quittera la Butte pour le quartier cosmopolite du Montparnasse, qui va devenir la plaque tournante de la modernité. S’opère ainsi une des plus fabuleuses migrations artistiques, dont ce cours, au moment où l’on célèbre l’armistice de 1918, rappelle l’exceptionnelle effervescence…
1914-1918 : du Faune au Soldat…
La Première Guerre mondiale : un désastre qui s’abat sur le monde et sur la vie culturelle. C’est pourtant dans cette période troublée que vont naître quelques chefs-d’œuvre de l’art parmi les plus importants du XXe siècle. 100 ans plus tard, au moment où l’on célèbre l’Armistice, mais aussi la création à Lausanne, le 28 septembre 1918, de l’Histoire du Soldat de Ramuz et Stravinsky, ce cours revient sur une époque tragique et exaltante, prémices des Années folles…
Rachmaninov, les exils de l’âme
Sergueï Rachmaninov [1873-1943] représente peut-être le dernier compositeur « romantique » : compositeur russe, célèbre pianiste, excellent chef d’orchestre, dont l’œuvre écrite essentiellement pour le piano reste ancrée dans la grande tradition du XIXe siècle… Il impose dans près de 50 opus un style volontiers lyrique et tourmenté, qui convoque une riche palette harmonique, une extraordinaire expressivité des nuances, nonobstant une sobriété raffinée des thèmes. Bien qu’exilé la plus grande partie de son existence, le compositeur demeurera russe jusqu’au bout des doigts…. Personnalité réservée et angoissée, marquée par la crainte de la mort (le thème du Dies irae apparaît dans nombre de ses œuvres !), il laisse abonder dans ses partitions les bruissements de l’âme slave portée à son incandescence…
Mozart : interpréter la grâce...
La musique de Wolfgang-Amadeus Mozart (1756-1791) recèle dans son apparente simplicité les mystères insondables de la grâce. Des générations d’artistes n’ont cessé de « revisiter » cette œuvre dont la perfection est pourtant si difficile à restituer. Depuis l’époque romantique l’interprétation mozartienne a beaucoup évolué : y a-t-il eu un « âge d’or » du chant mozartien, peut-on définir des critères de style et de jeu pour les interprètes qui se confrontent à cette musique géniale et éternelle ?
Stanley Donen & Gene Kelly Singin’in the rain 1952
(Chantons sous la pluie)
Un des plus purs chefs-d’œuvre de la comédie musicale… et peut-être aussi son chant du cygne. Sous une apparence enjouée Chantons sous la pluie traite d'une période douloureuse du cinéma pour de nombreux acteurs: le passage du muet au parlant. On ne compte plus les vedettes, adulées par le public du temps, qui disparurent des écrans et furent impitoyablement oubliés (pensons par exemple à Buster Keaton). Dans ce spectacle total, les numéros chantés et dansés sont insérés à la narration classique et, comme dans Un américain à Paris ou Tous en scène de Vincente Minnelli, on retrouve un ballet d'une dizaine de minutes à la fin du film, rempli de citations et d’allusions picturales, véritable apothéose du genre. Par-dessus tout, il y a l’énergie et le dynamisme insurpassable du trio de danseurs-acteurs : Gene Kelly au sommet de son art, Donald O'Connor, impayable en clown burlesque, et Debbie Reynolds… qui dut apprendre à danser pour l’occasion ! En complément, le cours donnera quelques notions touchant à la musique de film et aux techniques d’enregistrement…
Pythagore & la musique :
des secrets bien gardés
De la Tetractys grecque aux Harmonices mundi (Harmonie des sphères) de Kepler, jusqu'aux recherches les plus récentes dans le domaine de la physique quantique (théorie des cordes et supercordes) le vieil héritage pythagoricien ne cesse d’interroger philosophes, scientifiques, chercheurs et métaphysiciens. Dans l’enseignement médiéval du Quadrivium la musique, après la mathématique, donnait une clé d’interprétation vibratoire de l’univers. Les mots harmonie, accord, dissonance, consonance n’étaient pas liés par hasard au lexique musical : considérée dès l’Antiquité comme la transcription des nombres dans le cosmos - les nombres eux-mêmes portant les proportions de l’ordre universel - la musique résonne comme architecture vibratoire de l’univers. « Les cieux font-il sons ? » s’interrogeait Leonardo da Vinci. Quant à Jean-Sébastien Bach, influencé par Tycho Brahé, il ne cessa jamais de célébrer cette ordre numérique. D’autres compositeurs en firent la trame invisible leurs œuvres. Ce cours continue à explorer ces vieux principes qui, pour certains, contiennent le grand secret ultime de la création.
Poésie en musique :
l’art du Lied et de la mélodie…
Depuis Victor Hugo qui s'était écrié : « Défense de déposer de la musique le long de mes vers », n'hésitant pas à qualifier la musique de « bruit qui pense », les sons et les poèmes fleurtent à la recherche d’une osmose, pour le meilleur et pour le pire. La musique tente depuis toujours de rendre le flux des « belles voyelles chantantes », mais aussi des aspérités consonantes qu’offre le vers poétique. Certains compositeurs y réussissent mieux que d’autres. Y a-t-il un art secret de la prosodie dans l’harmonie musicale ?
Histoire de la notation musicale…
La notation musicale que nous connaissons aujourd’hui n'a pas toujours existé : durant des siècles des formes de transmission orale l’ont précédée. Mais le besoin des civilisations, porteuses d’une écriture, de représenter la musique par un système cohérent de signes s'est manifesté très tôt. C’est une passionnante histoire que de suivre, en occident, les multiples tentatives qui aboutirent à la solmisation et la gamme, que l’on attribue au moine Guido d’Arezzo vers 1028, puis aux nombreuses turbulences vers les systèmes actuels. Une incroyable aventure de l’esprit…
Brahms : de l’aube à la mélancolie
Johannes Brahms [1833-1897] fait partie de ces géants à charpente de colosse, mais à la sensibilité pudique et secrète. D’origine modeste, il fait ses débuts à Hambourg dans les tavernes du port où il joue du piano avec son père, artisan et musicien amateur. Mais la rencontre décisive sera celle des Schumann : Robert, qui voit en lui le musicien allemand de l’avenir, Clara, dont il demeurera toute sa vie le soupirant inconsolable et un soutien sans faille. Occupant des postes significatifs à Vienne, il va imposer une œuvre au lyrisme puissant, sertie dans l’écrin d’un classicisme solide. Schönberg célébrera la poétique d’un artiste jugé trop souvent académique. Homme entier, timide, bourru, amoureux transi et souvent déçu, il se réfugiera dans sa musique baignée d’une mélancolie tendre et profonde, d’une beauté sans égale…
Jean Cocteau
Le testament d'Orphée 1959
Ultime long métrage de Jean Cocteau [1889-1963] Le Testament d’Orphée, vade-mecum de toute son œuvre, est aussi son testament cinématographique : « Legs d’un poète aux jeunesses successives qui l’ont toujours soutenu » comme il le dit lui-même en préambule, le film fut en grande partie tourné dans les carrières des Baux-de-Provence, grâce aux soutiens financiers de Francine Weissweiller, l’égérie de Santo sospir (qui apparaît furtivement dans le film)… et de François Truffaut, investissant une partie du prix qu’il venait de recevoir à Cannes pour Les quatre cents coups… décerné par le jury que présidait un certain Jean Cocteau ! Dans ce poème cinématographique inclassable Cocteau rassemble l’essentiel de ses obsessions métaphysiques : le poète (joué par lui-même) touché par une balle se trouve projeté dans un espace-temps lointain. Tentant de regagner son époque, il croise les figures de ses propres créations : Cégeste, le jeune poète (Édouard Dermit), la Princesse/la Mort (Maria Casarès) ou l’ange Heurtebise (François Perier), qui s'érigent en juges face à leur créateur, contraignant le poète à plaider sa cause, en vain. Le voilà condamné à vivre, pour crime d'innocence. Trucages artisanaux et merveilleux, mythologie revisitée, auto-citations, ésotérisme et phénixologie : pour la dernière fois, celui qui fit graver« je reste avec vous » en guise d’épitaphe sur le marbre de sa sépulture à Milly-la-Forêt, déploie en grand illusionniste ses ailes de Sphinx…
Vivaldi & les demoiselles de la Pietà
Qui était le « Prêtre roux » ? On ne sait pas grand-chose de son existence. Né à Venise le 4 mars 1678, Antonio Vivaldi est, dès sa naissance, marqué par un destin hors du commun. Tour à tour virtuose du violon, professeur, compositeur, chef d’orchestre, directeur de théâtre, impresario, sa fécondité créatrice lui fera écrire plus de 94 opéras, 75 sonates, 450 concertos, ainsi que des dizaines de pièces sacrées. À l’Ospedale della Pietà, devenu Maestro dei Concerti, il enseignera aux « demoiselles », orphelines sans nom meurtries par une existence douloureuse, faisant d’elles des musiciennes hors pair. Après avoir connu gloire et fortune, il s’éteint le 28 juillet 1741 dans la misère et l’indifférence générale. Son œuvre, oubliée pendant plus de deux siècles, redécouverte au milieu du 20e siècle, est aujourd’hui l’une des plus jouées au monde. Patrick Crispini fait revivre l’art incomparable du grand vénitien.
Rossini, malice suavité…
Il y a juste 150 ans Gioacchino Rossini [1792-1868] mourait à Passy, riche et célèbre, « retiré du métier ». Il vivait depuis près de 40 ans une sorte de retraite dorée et, depuis 20 ans, auprès d’Olympe Pélissier, la belle courtisane, qui veillait à la bonne gestion de ses opulents droits d’auteur issus des exécutions de ses 40 opéras. Déclarant malicieusement que son fameux tournedos était son seul chef-d’œuvre, il n’avait pourtant cessé de composer en « amuse-bouches » des « Péchés de ma vieillesse ». Seuls ses proches savaient sont indicible mélancolie et ses fréquents accès de dépression. Il y a plusieurs années que l’on « dépoussière » ses opéras, que la musicologie s’emploie à restaurer les partitions dans leur facture originale : c’est le moment de faire le point sur l’œuvre de celui qu’on nomma « le cygne de Pesaro »…
Orson Welles
The Trial (Le Procès) 1962
Orson Welles [1915-1985] ou la démesure du génie. Enfant prodige, Don Quichotte égaré dans l’industrie du cinéma - « Je combats pour le cinéma universel comme un géant dans un monde de nains » dit-il un jour – acteur polymorphe et shakespearien, toujours dissimulé sous les grimages du théâtre, faussaire, manipulateur, séducteur nonchalant à la voix de bronze, créateur intuitif et autodestructeur, il connut la gloire et la fortune, mais disparut dans l’indigence et l’indifférence générale. À 24 ans, après le scandale radiophonique de La Guerre des mondes d’après H.G. Wells, qui déclencha une panique générale le 30 octobre 1938, en faisant croire à un véritable débarquement de Martiens, mais lui valut la célébrité, il a entre les mains le plus fabuleux contrat jamais accordé à un réalisateur par les studios américains. En sortira Citizen Kane qui, pour beaucoup, demeure un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Pourtant ce fut le commencement de l’errance : plus jamais il n’eut les coudées franches et la plupart de ses longs métrages furent impitoyablement mutilés, découpés, remontés, atrophiés. Ce qu’on lui fit payer ? Sa liberté de créateur et de démiurge, son indépendance farouche… En 1962, avec des moyens très réduits, il réalise à Paris une adaptation virtuose du Procès de Kafka, profitant de pouvoir disposer de l’immense plateau de la Gare d’Orsay complètement vide (aujourd’hui musée d’Orsay), pour y installer le dédale onirique et bureaucratique où se perd son acteur Anthony Perkins, à peine remis du rôle éprouvant de Norman Bates dans Psycho de Hitchcock. Parabole, fable, toile d’araignée métaphysique : ce kaléidoscope d’images actionné par un illusionniste maître de son art, rythmé par l’adagio d’Albinoni (le plus grand faux de l’histoire de la musique !), nous entraîne par les trous de serrure dans le labyrinthe du cauchemar éveillé…
Face au chef-d’œuvre…
Chacun possède sa propre définition du « Beau », à laquelle il identifie son « musée personnel ». Mais, au-delà des goûts, des inclinations individuelles, des modes, qu’est-ce qui fait accéder une œuvre particulière au statut spécifique de chef-d’œuvre ? Un savoir-faire exceptionnel, la rareté de l’objet, sa cote marchande ou sa valeur intemporelle, universelle ? Plus globalement, quels sont les critères qui peuvent nous permettre d’affirmer que nous sommes face à un chef-d’œuvre ? Fort de ce questionnement, ce cours se propose d’interroger un certain nombre d’œuvres primordiales d’époques et de domaines artistiques divers, privilégiant une approche transdisciplinaire… (Choix des œuvres différent du cours similaire donné à Genève).
Face au chef-d’œuvre…
Chacun possède sa propre définition du « Beau », à laquelle il identifie son « musée personnel ». Mais, au-delà des goûts, des inclinations individuelles, des modes, qu’est-ce qui fait accéder une œuvre particulière au statut spécifique de chef-d’œuvre ? Un savoir-faire exceptionnel, la rareté de l’objet, sa cote marchande ou sa valeur intemporelle, universelle ? Plus globalement, quels sont les critères qui peuvent nous permettre d’affirmer que nous sommes face à un chef-d’œuvre ? Fort de ce questionnement, ce cours se propose d’interroger un certain nombre d’œuvres primordiales d’époques et de domaines artistiques divers, privilégiant une approche transdisciplinaire… (Choix des œuvres différent du cours similaire donné à Lausanne)
Ingmar Bergman
Persona 1966
Persona 1966 : l’aveu d’un échec… qui devint un chef-d’œuvre ! Comme 8 ½ le fut quelques années plus tôt pour Fellini (*), ce scénario improbable autour du thème de l’impuissance créatrice va devenir le film qui sauvera Ingmar Bergman [1918-2007]. Du fond du trou, le réalisateur suédois signe une œuvre majeure qui le ramène à la vie. « J’ai simplement enclenché mon projecteur intérieur », dira-t-il plus tard. C’est sur un lit d’hôpital, où il a été conduit pour une double pneumonie, en plein délire médicamenteux, dans un isolement absolu, que Bergman « reçoit » ses visions : des corps de mourants fantomatiques apparaissant devant lui, mêlés à des images d’enfance, des infirmières murmurant dans sa chambre, puis se montrant leurs mains, leurs deux visages se fondant en une seule personne. Puis les figures de ses actrices fétiches Liv Ullman et Bibi Andersson qui, à leur tour, se confondent en une seule entité… De ces flashes le cinéaste, revenant à la vie, va ébaucher en deux semaines son scénario. Quittant l’hôpital, il démarre le tournage une semaine plus tard. Expérimentations techniques, audaces formelles, pulsions libérées, refus d’une narration classique, évocation du double et du miroir, séquences traumatiques, Bergman livre avec Persona une mise en scène autant corporelle que mentale, dont l’île de Fårö, retraite du réalisateur, où se passe tout le film, forme un lieu clos, psychiatrique : une sorte de « monde-cerveau », réclusion insulaire qui révèle les obscurs dédales de la psyché. Persona, comme le titre le suggère, est une œuvre personnelle à portée universelle…
(*) le 5 juin prochain, en résonance avec Persona, le huitième film (et demi !) de Federico Fellini fera l’objet du dernier rendez-vous de la saison des cinémAteliers.
L’âme du violon…
« Une table, une chaise, une corbeille de fruits et un violon : de quoi d’autre un homme aurait-il besoin pour être heureux ? », disait Albert Einstein. Ce petit instrument, constitué de 71 pièces de bois a vu le jour en Italie au début du XVIe siècle. Dérivé de plusieurs instruments à cordes aux origines diverses (ravanastron indien, rebec d’origine arabe, vièle médiévale, viola da braccio…), utilisé aussi bien comme instrument de rue qu’à la cour des rois, le violon est rapidement devenu l’instrument virtuose par excellence. Ce nouveau cycle de cours est consacré aux instruments de musique et aux grands interprètes qui les ont magnifiés...
L’âme du violon…
« Une table, une chaise, une corbeille de fruits et un violon : de quoi d’autre un homme aurait-il besoin pour être heureux ? », disait Albert Einstein. Ce petit instrument, constitué de 71 pièces de bois a vu le jour en Italie au début du XVIe siècle. Dérivé de plusieurs instruments à cordes aux origines diverses (ravanastron indien, rebec d’origine arabe, vièle médiévale, viola da braccio…), utilisé aussi bien comme instrument de rue qu’à la cour des rois, le violon est rapidement devenu l’instrument virtuose par excellence. Ce nouveau cycle de cours est consacré aux instruments de musique et aux grands interprètes qui les ont magnifiés...
Poulenc & les Six…
Reprenant à son compte ce mot de Diaghilev à Cocteau : « Étonne-moi ! », Francis Poulenc [1899-1963] tourangeau de Paris, n’aimait pas qu’on l’enfermât dans un genre précis. Volontiers primesautier, gouailleur, mais aussi mystique et profondément spirituel, il y avait en lui un peu du moine et du voyou, n’hésitant pas à évoquer à la fois les bals musette des bords de la Marne, les malices érotiques des Années folles, les pirouettes surréalistes, tout en consacrant un opéra au martyr des carmélites de Compiègne… Dès son passage au Groupe des Six avec son ami Cocteau, il régala les salons mondains de son art pianistique suave et raffiné, de son sens de la mélodie inné. Il aurait pu demeurer un musicien mondain mais, du Dialogue des Carmélites aux Sept répons des Ténèbres, de Figure humaine aux Litanies à la Vierge Noire, s’est tissée peu à peu une des œuvres les plus splendides de la musique française…
La note bleue…
« Nos yeux se remplissent peu à peu des teintes douces qui correspondent aux suaves ondulations saisies par le sens auditif. Et puis la note bleue résonne et nous voilà dans l’azur de la nuit transparente. », note George Sand à l’écoute de la musique de Frédéric Chopin…Elle fut la première à donner corps à cette expression romantique. Mais on retrouve aussi cette curieuse appellation dans le jazz, particulièrement dans la profonde mélopée du « blues »… Dernier rendez vous de la saison, ce cours, du romantisme au jazz, de la partition à l’improvisation, laisse place au rêve, « aux bleus à l’âme », où « la terre est bleue comme une orange » (Paul Éluard)…
Federico Fellini
8 ½ 1963
Comme à son habitude, fuyant les questionnements à propos du titre de son film 8 ½, Federico Fellini [1920-1983] déclara qu’il s’agissait de son huitième long métrage (+ un court métrage qui explique le demi !) et qu’il n’y avait pas d’autre signification à trouver… Punto basta. Mais, au vu des enjeux symboliques et psychologiques de cet objet cinématographique hors norme, on aurait bien de la peine à le croire sur parole. Comme pour Persona de Bergman (présenté lors du précédent cinémAtelier), le film s’empare d’un problème récurrent chez Fellini : l’impuissance créatrice, le tarissement de l’imagination, la vacuité du scénario.
Guido, metteur en scène en crise d’inspiration, tente de fuir le petit monde du cinéma en se réfugiant dans une station thermale. Très vite, les figures des curistes se métamorphosent en évocations peuplées de souvenirs d’enfance, de fantasmes résurgents, de fantasmagories nébuleuses. Son épouse, sa maîtresse, son cercle d’amis et son producteur viennent le harceler pour qu’il se décide à tourner le film sur lequel il s’est engagé à travailler… Nonobstant ses problèmes conjugaux, Fellini avait déjà connu une semblable période de crise. Son robinet imaginatif n’avait plus de débit. De cette « grande confusion » (le titre initial du film pendant le tournage) va naître une œuvre énigmatique, parcours initiatique à clés, psychanalyse transcendée sur grand écran, mais aussi somptueux divertissement filmé dans un sublime noir et blanc. Après avoir « tourné en rond » dans les méandres de son imaginaire, puis tenté de déchiffrer les signes magiques (ASA NIGRA MASA) Guido, sous le houlette d’un magicien (la magie, l’illusion, ont toujours le dernier mot chez Fellini !) se laisse finalement entraîner sur la piste d’un cirque improvisé dans une ronde où, enfin, tout pourrait renaître, repartir. Une fin plus pessimiste avait été imaginée, mais les cercles annoncés dans le titre par les anneaux du chiffre « 8 » prennent là tout leur sens. La sève circule à nouveau : « Quel est ce bonheur qui me fait trembler, me redonne force et vie ? Pardon douces créatures, je n'avais pas compris… Tout me semble bon, tout a un sens, tout est vrai… La vie est une fête ».